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Demandez-vous :
- Comment les événements relatifs à la guerre de Bosnie ont-ils été été présentés à la télévision et dans d’autres médias? Quels sont les conséquences et les limites d’une telle couverture médiatique?
- Quelles personnes étaient à l’origine de ces reportages médiatiques et quels messages tentaient-elles de transmettre?
- Comment ces représentations ont-elles influencé la perception des gens à l’égard de la guerre durant cette période et comment influencent-elles, aujourd’hui, notre propre compréhension des événements?
Ce chapitre fait appel au thème des médias comme point de départ pour discuter des complexités de la guerre de Bosnie et les comprendre. Vous allez d’abord passer en revue et pratiquer vos compétences médiatiques en examinant deux annonces récentes et en mesurant leur exactitude et leur fiabilité. Vous analyserez ensuite un éventail de sources primaires pour observer ce que différents journalistes ont choisi de publier ou d’omettre dans les médias, et pour déterminer comment le public a réagi à ces choix. Finalement, vous indiquerez si, selon vous, les médias ont joué le rôle d’instrument de vérité ou de dispositif de tromperie pendant la guerre de Bosnie.
Un Bosniaque musulman, survivant de la guerre de Bosnie
Affiche Bienvenue à Sarajevo présentant un mur avec des impacts de balle et des graffitis en Bosnie.
Crédit photo : Zlatko Vikovic. WordPress.com
Définitions
Médias : moyens de communication de masse qui transmettent de l’information au public.
Bosniaques : La Bosnie Herzegovine est divisée en trois : les Serbes, les Croates et les Bosniaques. Ces derniers sont de confession musulmane. Les Bosniens sont les habitants de Bosnie Herzégovine, quel que soit leurs origines ethniques.
Urbanicide : la destruction délibérée des paysages urbains pendant une guerre. Cette méthode est utilisée pour détruire les éléments historiques ou culturels et déloger la population urbaine qui y habite.
Accord de Dayton : accord de paix international signé en Ohio, sous l’impulsion du gouvernement américain, par les présidents de la Croatie, de la Bosnie et de la Serbie (cette dernière représentant les intérêts des Serbes de Bosnie) en novembre 1995 pour mettre fin à la guerre de Bosnie. Cet accord a officiellement segmenté la Bosnie en 2 entités : la République serbe et la Fédération de Bosnie et Herzégovine comprenant les territoires croates et bosniaques.
Oustachis : organisation croate ultra-nationaliste qui s’est rangée dans le camp de l’Allemagne nazie pendant la Deuxième Guerre mondiale. Elle est responsable de l’assassinat de nombreux Juifs, Serbes et Tsiganes.
Tchetniks : mouvement de guérilla nationaliste serbe fondé par le colonel Dra? Mihailovi?, chef de la seconde armée yougoslave qui a lutté contre les puissances de l’Axe, les Oustachis et les communistes en Yougoslavie.
Nettoyage ethnique : déplacement intentionnel, forcé et systématique des membres d’un groupe ethnique via l’intimidation ou l’emploi de la force afin de créer un territoire ethniquement homogène.
Source : Black, Eric, Bosnia : A Fractured Region. Minneapolis : Lerner Publications, 1999.
Le quartier Grbavica de Sarajevo dévasté par la guerre en 1996, un site de camps de viol durant la guerre de Bosnie et sujet du film primé « Grbavica ».
Crédit photo : Wikimedia.com
Ceci s’est réellement produit
Placardée dans diverses rues de la capitale de la Bosnie, Sarajevo, en 1992, cette affiche (Figure 1.1) évoque le passé prometteur de la ville. Moins d’une décennie plus tôt, Sarajevo avait accueilli les Jeux olympiques d’hiver de 1984 et mis en valeur la paix et la prospérité qui régnaient en Yougoslavie depuis l’accession au pouvoir de l’ancien leader communiste, Josip Broz Tito, en 1945. L’affiche illustre la mascotte olympique, Vu?ko le loup, portant un foulard olympique et croisant ses doigts pour manifester son grand espoir à l’égard de la performance de la Yougoslavie aux jeux.
L’âge d’or de la Yougoslavie (1981 à 1986) est attribué en grande partie aux efforts de Tito, qui pendant 35 ans a aidé le pays à triompher malgré une histoire balkanique accablée par les rivalités ethniques. Pour ce faire, il a réprimé toutes les manifestations de nationalisme ethnique au sein des six républiques du pays (voir la Figure 1.2 ci-dessus) et prôné le mot d’ordre « Fraternité et Unité » à l’échelle de la Yougoslavie. La vision de Tito voulant une Yougoslavie unifiée se manifestait surtout en Bosnie, république la plus diversifiée sur le plan ethnique du pays, où un nombre croissant de gens se mariaient avec des personnes d’autres ethnies, parlaient la langue commune serbo-croate, utilisaient une combinaison de caractères cyrilliques et latins et commençaient à se déclarer Bosniens.
À la suite du décès de Tito et de l’effondrement éventuel du communisme en Europe de l’Est, le nationalisme républicain s’est ravivé. En 1989, le gouvernement serbe a exercé son pouvoir sur ses provinces anciennement autonomes (le Kosovo et la Voïvodine) et sur la république du Monténégro. En 1991, la Slovénie et la Croatie ont déclaré leur indépendance, suivies par la Bosnie un an plus tard. Or, ces changements ont été très coûteux. Une série de guerres a éclaté entre les différentes ethnies de la Yougoslavie, touchant leur point culminant en Bosnie.
Contrairement à ses voisins plus nationalistes, le gouvernement de coalition bosnien a juré de demeurer fermement engagé envers sa population ethniquement diversifiée, tout en maintenant son indépendance. À l’époque, les Bosniaques (musulmans) comptaient pour 44 % de la population, les Serbes en représentaient 31 %, la proportion croate s’élevait à 17 % et le reste (8 %) regroupait les Juifs, les Albanais et les Tsiganes. Or, le gouvernement n’est pas parvenu à respecter son engagement, car la guerre a rompu la majorité des liens ethniques de la république, et éventuellement la Bosnie a été officiellement segmentée selon ses ethnicités en vertu de l’Accord de Dayton en 1995. Pendant la guerre, le gouvernement serbe a largement appuyé la cause des Serbes de Bosnie visant à unifier tous les Serbes au sein d’une région autonome de la Bosnie, alors que le gouvernement croate hésitait entre l’unification des croates et l’appui aux efforts des Bosniaques visant à préserver le caractère multiethnique de la Bosnie .
Carte de la Yougoslavie, 1945-88
Crédit : Nations Unies – Section de la Cartographie du Département de l’information publique. Cette photo est une carte inspirée de la carte des Nations unies. À moins d’avis contraire, les cartes de l’ONU sont considérées comme faisant partie du domaine public. Cette disposition s’applique à l’échelle mondiale.
Dans cette optique, on constate que l’affiche précédente ne raconte pas seulement le passé de la Yougoslavie, mais aussi celle de la guerre en Bosnie, où les trous de balle figurant en arrière-plan représentent non seulement la destruction massive causée par le génocide et l’urbanicide, mais également la profonde douleur ressentie par la population de Bosnie pendant cette période. Les médias, tels que cette affiche, ont raconté des récits d’horreur, de haine et d’honneur, dans les mots et les images que les journalistes ont présentés dans les journaux et dans les magazines, ainsi qu’à la radio et à la télévision, partout dans le monde. L’invention des caméscopes portatifs et des satellites a permis non seulement aux représentants des gouvernements et aux journalistes, mais également aux civils, d’enregistrer et de présenter « en temps réel » leur récit des événements. Par conséquent, la Guerre en Yougoslavie est celle qui a fait l’objet du plus grand nombre d’enregistrements de l’histoire. C’est aussi celle qui a été la plus télévisée. Mais quelles étaient les personnes à l’origine de ces récits et quels messages tentaient-elles de transmettre? Comment les événements de la guerre ont-ils été présentés à la télévision et dans les autres médias? Et comment cette représentation a-t-elle influencé la perception des gens concernant la guerre ainsi que notre propre compréhension de celle-ci?
Il s’agit là de toutes les questions que nous allons étudier.
Mise en place du TPIY et question de responsabilité
Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) a été créé par l’Organisation des Nations Unies pour juger les personnes présumées responsables des crimes de guerre commis dans les Balkans au cours des conflits des années 1990.
Depuis la tenue de sa toute première audience, le 8 novembre 1994, le Tribunal a mis en accusation un total de 161 personnes, dont l’ancien président Serbe, Slobodan Milosevic décédé Slobodan Milosevic décédé durant son procès, avant de connaitre son verdict.
Depuis sa création en 1993, le Tribunal a radicalement transformé le paysage du droit international humanitaire et permis aux victimes d’être entendues, de témoigner des atrocités vécues et de décrire leurs souffrances.
(Source : http://www.icty.org/fr/le-tribunal-en-bref).
Par ses décisions qui font jurisprudence sur le génocide, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité, le TPIY a montré à maintes reprises que les hautes fonctions occupées par un individu ne constituaient plus un rempart contre les poursuites judiciaires. Cela montre qu’aujourd’hui, les individus présumés être les principaux responsables de crimes commis pendant les conflits peuvent être amenés à répondre de leurs actes. Le Tribunal applique le principe selon lequel la culpabilité doit être individuelle, afin d’éviter que des communautés entières soient stigmatisées.
Principaux personnages politiques
Slobodan Milosevic : président de la Serbie de 1989 à 1997. Il a juré de protéger et d’unifier les Serbes en Yougoslavie. En 1994, il a réorienté son attention vers les négociations de paix internationales visant à mettre fin à la guerre de Bosnie.
Radovan Karadzic : Chef de l’opposition en Bosnie et porte-parole de la cause nationaliste visant à unifier tous les Serbes au sein d’une région autonome de la Bosnie. Il a déclaré la création de la République serbe de Bosnie comprenant certaines régions de la Bosnie et siégé à titre de président de ces régions de 1992 à 1996.
Franjo Tudjman : président de la Croatie de 1990 à 1999. Il a prôné l’indépendance du pays par rapport à la Yougoslavie en 1991 et dirigé ce mouvement d’autonomie. La Croatie a délaissé la Bosnie pour appuyer la Serbie, et vice versa, à différents moments de la guerre.
Alija Izetbegovic : président de la Bosnie de 1990 à 1996. Lorsqu’il était au pouvoir, il a formé un gouvernement de coalition composé de représentants des communautés croate et serbe de Bosnie. Izetbegovic représentait la population bosniaque, mais tenait à maintenir une Bosnie multiethnique.
Concepts de la pensée historique
Avant de commencer à explorer le rôle des médias durant la guerre de Bosnie, nous devrions d’abord revoir trois des six concepts de la pensée historique de Peter Seixas et comprendre leur lien avec notre apprentissage.
Perspectives historiques : au moment de créer ce napperon, vous aurez l’occasion d’explorer les différentes perspectives historiques exprimées dans divers médias pendant la guerre de Bosnie. Ces perspectives et les sources primaires peuvent ensuite servir de points de départ pour comprendre comment les divers contextes sociaux, politiques et culturels ont influencé le recours aux médias pendant la guerre de Bosnie et la réaction de la population à leur égard.
Continuité et changement : en comparant les reportages médiatiques à divers moments de la guerre, vous pourriez être en mesure de repérer des tendances, sur les plans de la continuité et du changement, concernant la façon dont la guerre a été présentée dans les médias. Dans quelle mesure les divers gouvernements, journalistes et graphistes présentaient-ils la guerre de la même façon? Le discours sur la guerre de ces personnes a-t-il changé au fil du temps? Dans l’affirmative, quelles raisons expliquent ce changement ou son absence?
Pertinence historique : En tenant compte de ce concept au moment de créer le napperon, vous observerez ce que les gens choisissent de rendre public ou d’omettre dans les médias, ainsi que les facteurs qui motivent leurs décisions. Vous porterez également des jugements sur le degré d’exactitude et de vérité de tels extraits médiatiques.
Artéfacts
Artéfact Un › Lois yougoslaves fédérales liées aux médias sous la tutelle de Josip Tito
A. Extrait du code criminel fédéral de la Yougoslavie :
Article 134 : « Quiconque, que ce soit par la propagande ou d’une autre façon, incite à la haine ou à l’antagonisme national, racial ou religieux ou prône cette haine ou cet antagonisme sera condamné à une peine d’emprisonnement allant de un à dix ans. »
B. Loi sur la prévention des abus de la liberté de la presse :
Article 4 : « Les éditeurs sont tenus de fournir au bureau du procureur local deux exemplaires de chaque publication avant que celle-ci soit rendue publique. »
Article 19 : « étendu les pouvoirs d’interdiction du procureur à la radio, à la télévision et à d’autres médias. »
Source : Thompson, Mark. Forging War : The media in Serbia, Croatia, Bosnia and Herzegovina. Bedfordshire, R.-U. : University of Luton Press, 1999.
Artéfact Deux › Mots et images parus dans les médias avant l’éclatement de la guerre de Bosnie
« Au pays et à l’étranger, les ennemis de la Serbie se soulèvent contre nous. Nous leur disons : ‘Nous n’avons pas peur. Nous livrons chaque combat pour le gagner’. »~Slobodan Milosevic, futur président de la Serbie, 19 novembre 1988.
« Ce jour-là, le Christ est arrivé triomphant à Jérusalem. Il a été accueilli à titre de Messie. Aujourd’hui, notre capitale est la Nouvelle Jérusalem. Franjo Tudjman arrive pour sauver son peuple! »~Membre de l’Union démocratique croate (HDZ) après que Tudjman soit devenu président de la Croatie, le 30 mai 1990.
« Nous considérerons toute tentative de réprimer la Croatie (indépendante) comme une occupation ennemie. »~Stipe Mesic, premier ministre croate, 1991.
« La Bosnie ne restera pas au sein d’une Yougoslavie dirigée par la Serbie. Je ne permettrai pas à la Bosnie de faire partie de la Grande Serbie. »~Alija Izetbegovic, président de la Bosnie, 1990.
« Je vous avertis, vous traînerez la Bosnie en enfer. Vous, les musulmans, n’êtes pas prêts pour la guerre—vous risquez de disparaître. »~Radovan Karadzic, chef du Parti démocratique serbe (SDS) en Bosnie, 1990.
Source : BBC. The Death of Yugoslavia (Documentaire). (1995)
Artéfact Trois › L’usage et la réaction des médias pendant la guerre de Bosnie, 1992 à 1995
A. Situation des principaux émetteurs de télévision en Bosnie en 1993
Source : Forging War, 1999
B. Trois reportages sur la situation à Kupres, dans le sud-ouest de la Bosnie (avril 1992)*
Un journal indépendant de la Croatie, Slobodna Dalmacija, « a annoncé le moment où les forces serbes se sont emparées de Kupres le 9 avril, » alors que la station de télévision fédérale croate, HTV, ne l’a pas fait. Le même soir, « les téléspectateurs de l’émission d’actualités du réseau TVB de la Serbie ont appris d’un journaliste que « Après cinq ans, Kupres est libre! » Pendant les trois jours suivants …HTV a déclaré que « Kupres est entre les mains des Croates ». Par conséquent, Slobodna Dalmacija a reçu de nombreux appels de personnes en colère l’accusant de défaitisme. Les réfugiés de la région de Kupres ont (affirmé) plus tard qu’ils avaient cru les reportages de HTV et ont presque été coincés durant l’incursion serbe. »
*Ce genre de reportage était typique pendant la guerre de Bosnie.
Source : Forging War, 1999.
C. Reportage sur les camps de concentration utilisés durant le nettoyage ethnique pendant la guerre de Bosnie
« Les journalistes étrangers sont arrivés et ont commencé à nous filmer. Ils m’ont vu en premier, près des fils barbelés, et j’ai commencé à leur parler lorsque l’un des gardiens qui se tenait derrière moi a dit : ‘Prenez note du nom de toutes les personnes qui vous parlent pour que nous puissions les tuer.’ Je n’ai presque rien dit, sauf que j’avais faim et que j’étais épuisé…Les noms de tous ceux qui en ont dit plus aux journalistes ont été inscrits et les Serbes les ont emmenés le soir même pour les tuer. »
– Un bosniaque qui affirme que ce reportage a sauvé sa vie et celle de beaucoup d’autres personnes.
Les camps de concentration dirigés par les Serbes, comme ceux d’Omarska et de Manjaca, ont été découverts et médiatisés en premier, mais les forces militaires spéciales bosniaques et croates ont aussi construit leurs propres camps à des fins comparables.
Source : Weine, Stevan M., History Nightmare. Londres: Rutgers UP, 1999.
D. Langage dans les médias*
« À l’automne de 1993, le chef d’état-major de l’ABiH**, le général Rasim Delic, a émis un ordre à l’intention des médias de Sarajevo les obligeant à appeler le HVO par ce nom, et non “forces ‘oustashi’’ et à appeler les forces serbes les “unités paramilitaires des Serbes en Bosnie’’ ou “l’armée Yougoslave’’ et non tchetniks`’’. Cet ordre n’a pas duré longtemps, même à RTVBiH***.”
« Selon le journaliste John Burns du New York Times, un jeune soldat avait ‘fait sienne une opinion sur les musulmans qui allait à l’encontre de sa propre expérience, en tant que personne ayant grandi dans une ville aussi multiethnique et multiculturelle que Sarajevo. De la radio et télévision serbe, ainsi que des rassemblements avec d’autres combattants serbes…il a appris que les musulmans menaçaient les Serbes…qui prévoyaient la proclamation d’une “république islamique’’ en Bosnie et obligeraient les enfants à porter des vêtements musulmans. »
*Le langage était semblable en Croatie. Certains médias étaient plus nationalistes que d’autres.
** Armée de la Bosnie et Herzégovine
***Federal B***Station de télévision fédérale de la Bosnian television station
Source : Forging War, 1999.
E. Changement dans les médias serbes à compter de 1994
« La guerre de Bosnie se poursuit, mais pour nos écrans de télévision, elle n’existe plus », a déclaré un correspondant serbe de la télévision. Un éditeur du journal Politka a déclaré : « Nous tentons de contrôler les passions en Serbie. »
Milosevic a commencé à prendre ses distances de la mission de Radovan visant à unifier tous les Serbes en Bosnie et a plutôt dirigé son attention vers les négociations de paix, où il a ultérieurement représenté les intérêts des Serbes en Bosnie.
Source : Forging War, 1999.
ACTION 1
Discuter
La puissante influence des médias
Regardez de près les artéfacts présentés ci-dessus et discutez des questions suivantes avec un partenaire :
- Quels sont les avantages, les inconvénients et les dangers d’une guerre aussi médiatisée?
- Dans quelle mesure croyez-vous que les médias ont influencé les convictions et les actions du public? Lisez ces récits comme s’ils survenaient dans votre propre pays.
- Pendant les années 1990, la Serbie, la Croatie et la Bosnie adoptaient des lois comparables à celles de Tito pour mieux contrôler les médias. Alors, pourquoi l’histoire s’est-elle déroulée différemment après le décès de Tito? Croyez-vous que les médias devraient être censurés? Quels sont les avantages et les limites de la censure?
- Selon vous, quelles ont été les conséquences du changement qui s’est opéré au sein des médias de la Serbie? Ce changement a-t-il amélioré ou empiré les choses? Et pour qui? Expliquez votre raisonnement.
- Après avoir étudié les artéfacts présentés, croyez-vous que les médias ont joué le rôle d’instrument de vérité ou de dispositif de tromperie pendant la guerre de Bosnie? Pourquoi? Justifiez votre raisonnement à l’aide d’au moins 3 artéfacts.
- Comment la couverture médiatique de la guerre de Bosnie influence-t-elle notre compréhension actuelle de cette période? Y a-t-il des thèmes dominants ou des messages communs? Certaines questions demeurent-elles sans réponse pour vous?
ACTION 2
Penser
Lisez l’énoncé suivant, qui figurait dans le rapport de la Commission internationale sur les guerres des Balkans de 1912 et 1913.
« Les vrais coupables dans cette longue liste d’exécutions, d’assassinats, de noyades, d’incendies, de massacres et d’atrocités ne sont pas, répétons-le, les peuples des Balkans…Les véritables coupables sont ceux qui trompent l’opinion publique et qui tirent parti de l’ignorance des gens pour faire courir des rumeurs inquiétantes et tirer la sonnette d’alarme, poussant leur pays et par conséquent les autres à se comporter en ennemis…. »
Source : Forging War, 1999.
Réflexions :
- Comment cette déclaration se rapporte-t-elle à notre apprentissage sur le rôle des médias pendant la guerre de Bosnie?
- Dans quelle mesure êtes-vous d’accord ou en désaccord avec cette déclaration ? Et pourquoi?
ACTION 3
Chercher
Réflexion supplémentaire :
Radovan Karadzic condamné à 40 ans de prison pour génocide
Visitez les sites Web suivants traitant du TPIY en tenant compte des actions de la communauté mondiale et de la question de responsabilité des autres personnes.
Crimes jugés par le TPIY : Bosnie centrale
https://trialinternational.org/fr/actualite/
Et celui-ci :
http://www.arcinfo.ch/fr/monde/ratko-mladic-qualifie-le-tribunal-de-la-haye-de-satanique-577-1256170
Penser
Réflexions :
- Quelle est la responsabilité de la communauté des nations relativement aux conflits ethniques compte tenu des principes de plus en plus étoffés du droit international depuis le procès de Nuremberg?
- En tant que citoyens du monde, pouvons-nous nous considérer impliqués dans les conflits ethniques mondiaux actuels lorsque nous ne prenons pas les mesures nécessaires pour protéger les citoyens vulnérables aux prises avec ces horribles événements?
ACTION 4
Comment distinguer de nos jours la vérité de la fiction dans les médias
Aujourd’hui, n’importe qui peut publier librement ses idées sur Internet. Bien que cela contribue à renforcer la liberté d’expression, cette liberté représente également une menace pour les événements et les faits dans le monde, tant présents que passés. Les nouvelles viennent à nous sous de nombreuses formes et la plupart sont malheureusement, tronquées, biaisées ou pire, complètement fausses ! En tant que consommateurs de médias, nous sommes ciblés par diverses agences et entreprises visant à attirer notre attention.
Lorsque nous cliquons sur une image ou un produit, cela accroit le trafic sur le site et permet ainsi aux annonceurs et autres investisseurs potentiels d’accroitre leurs revenus. Nous sommes prompts à cliquer quand ce qui apparait dans les médias sociaux et en lien avec nos intérêts et nos convictions. C’est un problème. Nous sommes sélectifs dans le choix de nos flux d’information, les transformants en ‘’caisse de résonnance’’, ce qui nous conforte dans nos perceptions et nos conceptions au lieu de nous ouvrir à la diversité des opinions. La recherche de la vérité, un exercice complexe, nécessite beaucoup plus d’ouverture de notre part.
Une autre version? Un autre point de vue? Il est regrettable de se contenter d’entendre ce que nous voulons entendre, plutôt que toutes les versions d’une même histoire. En refusant de poser un regard critique sur ce que nous lisons en ligne, nous adhérons sans réflexion, sans exercer notre pensée critique, ce qui ultimement fragilise notre démocratie. Dans les faits, différentes perspectives favorisent une vue plus équilibrée et une meilleure compréhension de notre monde.
Il serait avantageux pour nous tous, quel que soit notre âge, d’apprendre à circonscrire les faits en menant des recherches approfondies à l’aide de sources crédibles. Dans un univers médiatique en constante évolution, vous devez apprendre à trouver des informations factuelles et des références crédibles sur le plan de la recherche. Pour être plus avertis, les citoyens numériques doivent mieux comprendre les biais des médias, identifier les ‘’fausses nouvelles’’ et établir la différence entre un fait et une opinion.
Faire
Vous devez choisir ou vous faire attribuer un évènement en cours puis retenir trois faits sur le sujet/évènement. Avant de présenter vos faits, faites ce qui suit :
- Comment reconnaitre les fausses nouvelles : Comment distinguer le vrai du faux
- Vidéo : https://education.francetv.fr/matiere/actualite/cinquieme/video/fake-news
- Vérifiez l’URL pour vous assurer que le site est crédible. Voici quelques filtres pour valider le site et mesurer sa crédibilité : Video – Comment lutter contre les fake-news
- Exploitez les sites suivants pour déterminer le caractère biaisé de l’article : https://mediabiasfactcheck.com/canada-free-press/
Tous les efforts ont été faits auprès des détenteurs de droits d’auteurs afin d’obtenir les droits de reproduction. L’éditeur s’excuse par avance de tout oubli ou omission et se fera un plaisir d’apporter les corrections qui s’imposent lors des réimpressions subséquentes et lors des mises à jour du site web.