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Demandez-vous :
- Avez-vous trouvé des références dans vos cours, vos manuels scolaires, ou les actualités sur le Cambodge?
- Pourriez-vous situer le Cambodge, sans consulter une carte géographique?
- Faut-il se souvenir du génocide? Comment?
- Le génocide cambodgien peut-il être comparé à d’autres génocides mentionnés dans cette unité?
- La région englobant le Cambodge a eu de nombreux noms au cours de son histoire : l’Empire Funan, l’Empire d’Angkor, l’Empire Khmer, le Royaume du Cambodge, la République Khmère, le Kampuchea démocratique, la République populaire du Cambodge et l’État du Cambodge. Qu’est-ce que ces changements de noms fréquents suggèrent à propos de son histoire?
Cambodge : un peu d’histoire
Comme bien d’autres États de l’Asie du sud-est, l’hindouisme et le bouddhisme ont influencé le Cambodge tout au long de son histoire, même si la plupart des Cambodgiens pratiquent aujourd’hui le bouddhisme. La langue nationale a été fortement influencée par l’indianisation de la péninsule indochinoise en dépit du rôle marquant de la Chine dans la région. À l’origine prénommée Funan, l’État est devenu l’Empire d’Angkor sous l’influence de puissants dirigeants khmers entre le IXe et le XIIe siècle de l’ère commune. À son apogée, cet empire comprenait des parties du Vietnam, de la Thaïlande, du Laos et de la Birmanie (Myanmar). Les dirigeants ont construit une série impressionnante de plus de mille temples. Certains de ces temples constituent aujourd’hui des attractions touristiques populaires, en particulier Angkor Wat, construit dans les années 1100. Ce site, situé dans la province du nord de Siem Reap, figure sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
http://whc.unesco.org/fr/list/668
Le génocide cambodgien
Angkor Wat
Ce temple à l’origine hindou a été converti en temple bouddhiste. Il y a plus de 100 temples s’étendant sur environ 400 kilomètres carrés dans la province de Siem Reap, un des principaux centres archéologiques de l’Asie du Sud Est.
Source : Creative Commons
ACTION 1
Faire
Recherchez dans Google Maps et trouvez une carte du Cambodge et de l’Asie du Sud-Est. Zoomez et tracez la route du Mékong, le plus long fleuve de la région. Puisque le transport fluvial a été, historiquement, très important, comment le fleuve a-t-il pu influencer l’histoire de la région, à la fois positivement et négativement?
Comme beaucoup d’empires, après une période de domination régionale, les choses ont changé et le pouvoir cambodgien, durant les années 1400, s’est incliné d’abord devant d’autres puissances régionales comme le Siam (Thaïlande) et le Vietnam, puis devant les puissances coloniales européennes. Le Cambodge a d’ailleurs été un protectorat français tout comme son voisin, le Vietnam. Le Japon a également occupé brièvement la région pendant la Seconde Guerre mondiale. Le protectorat français prendra fin le 9 novembre 1953 avec la proclamation de l’indépendance du pays et la fin de la guerre d’Indochine. Tout au long de l’histoire coloniale, les frontières ont été établies sans consulter les peuples qui vivaient dans la région. Dans ce cas précis, la cohabitation entre Khmers d’origine vietnamienne et cambodgienne a suscité de vives tensions entre les deux groupes.
Le communisme au Cambodge
Dans les années 1960 et au début des années 1970, la guerre froide en Asie a opposé les États-Unis et la République populaire de Chine, ainsi que leurs divers alliés. Cela a alimenté l’instabilité dans la région et le Cambodge n’a pas été épargné. La guerre du Vietnam (finalement gagnée en 1975 par le Vietnam du Nord communiste) a débouché sur un coup d’état militaire au Cambodge, une campagne insurrectionnelle menée par les communistes cambodgiens conduits par Pol Pot, et des milliers de bombes larguées par les Etats-Unis pour soutenir le gouvernement militaire contre les communistes vietnamiens et cambodgiens. Les milliers de victimes civiles sont devenues un argument convaincant de recrutement pour les Khmers rouges, le nom donné aux communistes cambodgiens. Pol Pot et beaucoup d’autres fondateurs des Khmers rouges étaient des étudiants bien éduqués qui avaient vécu en France. Mais, comme leurs camarades de classe vietnamiens, ils ont ressenti un sentiment d’aliénation (au sens marxiste du terme) au lendemain de l’indépendance du Royaume du Cambodge. Les deux groupes ont été attirés par les idées communistes.
Ceci s’est réellement produit
En avril 1975, les forces Khmères rouges battent l’armée régulière cambodgienne et prennent le contrôle de la capitale, Phnom Penh. Les populations urbaines avaient soutenu, au départ, la prise du pouvoir par l’armée. Bien que leur soutien se soit estompé en raison des politiques dictatoriales du gouvernement, ils avaient encore plus peur des Khmers rouges. C’est la raison pour laquelle ils fuirent les villes ou en furent chassés. Beaucoup d’entre eux, probablement des millions, furent forcés de faire du travail agricole non rémunéré.
Les Khmers rouges se sont livrés à une vague de meurtres au cours des quatre années où ils ont contrôlé le pays. Après avoir tué de nombreux partisans et soldats liés au gouvernement militaire précédent, ils ont brutalisé des moines bouddhistes et les minorités ethniques, notamment les Chinois, les Vietnamiens, les Thaïlandais et d’autres groupes non liés à la population khmère majoritaire. Le nouveau gouvernement a également coupé les liens entre le Kampuchea démocratique (le nouveau nom pour le Cambodge) et le reste du monde.
Les purges ont visé toutes les personnes soupçonnées de déloyauté, même les communistes en désaccord avec le gouvernement Pol Pot et les anciens citadins affamés après avoir évacué les villes pour vivre à la campagne. Les paysans ont également été persécutés. Le nombre de morts entre 1975 et 1979 a été estimé à au moins 1,7 million de victimes de meurtre, de famine, de surmenage ou de maladie (sur une population d’environ 8 millions) dans ce “règne de la terreur”. Entre un quart (1/4) et un cinquième (1/5) de la population a été éliminée physiquement en seulement quatre ans! Les Khmers rouges ont même tué des enfants et des bébés, pour éviter qu’ils ne vengent éventuellement la mort de leurs parents.
L’argent, la propriété privée, la libre circulation des biens, les écoles, les vêtements de style étranger, les pratiques religieuses et d’autres aspects de la culture traditionnelle khmère ont été abolis, et les bâtiments tels que écoles, pagodes et propriétés gouvernementales ont été transformés en prisons, écuries, camps et greniers. La notion de liens familiaux et rapports familiaux a été remise en question et les Khmers rouges ont forcé les enfants à être des « enfants soldats » afin de mieux les contrôler. Certains suivront les ordres sans hésitation, au point de tirer sur leurs propres parents.
ACTION 2
Discuter
L’expression utilisée par les Khmers rouges pour justifier l’exécution de certains Khmers était « un esprit vietnamien dans un corps khmer ». Qu’est-ce que cela révèle des rapports entre les deux pays, même si les deux régimes étaient considérés comme communistes durant la guerre froide?
Les champs de la mort
Les touristes visitent aujourd’hui des cimetières et des monuments commémoratifs disséminés dans les « champs de la mort » en plus de certaines merveilles comme Angkor Wat. Le Cambodge compte plus de 150 « champs de la mort » laissés par les Khmers rouges. En plus des opposants politiques, les personnes incapables d’effectuer des travaux dans les fermes et dans les champs étaient condamnées à une mort certaine. Environ 60% des personnes décédées durant le génocide ont été exécutées directement. Les victimes restantes sont mortes de maladie ou de famine. Il y avait plus de 20 000 fosses communes contenant les corps et les os de près d’un million et demi de victimes. Le terme « Champs de la mort » a été inventé par un journaliste cambodgien, Dith Pran, qui a réussi à s’échapper. Ses expériences et celles d’un journaliste américain, Sydney Schanberg, ont servi de trame à un film britannique réalisé en 1984, The Killing Fields. Le film a été nominé et a remporté plusieurs Oscars.
Les champs de la mort
Source : Wikimedia
Les champs de la mort
Source : AP
ACTION 3
Faire
Imaginez que vous êtes l’une des personnes paraissant sur ces images. Que diriez-vous aux survivants? Imaginer et rédigez un dialogue qui pourrait s’inscrire dans ce scénario. Que diraient-ils pour vous aider à mieux appréhender ce qu’ils ont vécu? Quelles questions auriez-vous souhaité leur poser?
Après avoir visionné le film « The Killing Fields », comment vos pensées ont été affectées en regard de l’activité précédente? Qu’est-ce que cela révèle sur le pouvoir et les limites des médias, à nous informer?
Une réunion de collège
“La colline des arbres vénéneux” (Tuol Sleng) était une ancienne école secondaire, établie par les Khmers rouges comme l’un des 150 centres d’exécution.
Imaginez faire un tour de votre ancienne école de cette manière:
Extérieur de l’école Tuol Sleng
Source : Wikipedia
Intérieur de l’école Tuol Sleng et cellules de la prison
Source : Wikimedia
Intérieur de l’école Tuol Sleng et cellules de la prison
Source : Wikimedia
Tuol Sleng – plaque sur le lycée transformé en bureau des services secrets
Source : Wikimedia
Discuter
Parmi les personnes condamnées à l’emprisonnement ou l’exécution, on comptait les personnes portant des lunettes. Pourquoi pensez-vous qu’elles étaient sélectionnés ?
Conséquences
Les Khmers rouges croyaient en la supériorité du peuple khmer. Cette croyance explique la violence de leurs attaques contre des non-Khmers au Cambodge ainsi que leurs attaques contre plusieurs pays voisins, y compris le Vietnam, dirigé par un régime partageant la même idéologie communiste. Les réfugiés cambodgiens ont fui vers le Vietnam et ont fait pression pour obtenir le soutien de ce pays. Lorsque le Cambodge a refusé de négocier avec le Vietnam pour mettre fin aux combats frontaliers, l’armée vietnamienne a envahi puis renversé les Khmers rouges et mis en place la République populaire du Kampuchéa. Après une décennie, les Vietnamiens ont retiré leurs troupes et le gouvernement a rebaptisé le pays : État du Cambodge. Au fil des ans, avec le soutien des Nations Unies, une démocratie a vu le jour avec des élections libres et le retour de la monarchie en tant que symbole d’unité nationale.
Qu’est-il arrivé aux Khmers rouges?
Beaucoup de ceux qui étaient considérés comme des membres modérés ont été tués pendant le règne. Les dirigeants ont fui.
Pol Pot, accorde une entrevue le 22 juin 1979 dans la jungle cambodgienne.
Source : AP Photo
Pol Pot, avec quelques partisans, s’est caché le long de la frontière Cambodgo-thaïlandaise, faisant de rares apparitions pour dénoncer les envahisseurs vietnamiens et ceux qui les soutenaient. La République populaire de Chine était restée favorable aux Khmers rouges. Au cours des années, le gouvernement du Cambodge a persuadé les membres des Khmers rouges de faire défection. En 1998, Pol Pot est mort en faisant une sieste. Quelques-uns de ses partisans restants ont pleuré sa mort.
En 1997, le gouvernement cambodgien, avec le soutien de l’ONU, a constitué un tribunal pour enquêter sur le génocide. Il a fallu neuf ans pour convenir de la forme et de la structure du tribunal – confirmant que les poursuites judiciaires se feraient conformément à la loi cambodgienne modifiée pour répondre aux critères internationaux. En juillet 2007, les procureurs ont présenté les noms des cinq suspects. Le 19 septembre 2007, Nuon Chea, commandant en second des khmers rouges et membre survivant le plus ancien, a été accusé de génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Il a fait face à des juges cambodgiens et étrangers devant le tribunal chargé de traduire en justice les principaux dirigeants du régime khmer rouge. Il a été reconnu coupable le 7 août 2014 et condamné à la détention à perpétuité. Le 26 juillet 2010, Kang Kek Ieu, directeur du camp de prisonniers de S-21, a été reconnu coupable de crimes contre l’humanité et condamné à 35 ans d’emprisonnement. En 2012, sa peine a été étendue à l’incarcération à vie.
ACTION 4
Faire
Énumérez les raisons pour lesquelles les dirigeants Khmers rouges ont évité les procès pendant des décennies et pourquoi Pol Pot a échappé au procès? Comparez votre liste avec un camarade de classe.
Réponse internationale
La communauté internationale est restée en grande partie silencieuse durant le génocide. Ni les États-Unis ni l’Europe ne se sont manifestés durant le génocide, bien que des universitaires et autres leaders d’opinion aient tenté d’attirer l’attention sur les atrocités commises.
ACTION 5
Chercher
L’Université de Yale a une étude en cours sur les génocides cambodgiens (et autres). Explorez les sections sur la participation des États-Unis à ce site Web : https://gsp.yale.edu/case-studies/cambodian-genocide-program/programme-detude-sur-le-genocide
Quelles informations permettent d’expliquer l’absence de réactions des États-Unis et d’autres pays?
ACTION 6
Faire
Deux expressions courantes souvent utilisées pour expliquer comment les choses se passent sont :
“L’ennemi de mon ennemi est mon ami.”
“Chat échaudé craint l’eau froide.”
Discutez et enregistrez vos réponses aux questions suivantes.
A. Comment cela s’applique-t-il à la réaction des États-Unis aux événements survenus au Cambodge?
B. Quels conflits dans le monde perdurent aujourd’hui en raison des idées véhiculées par les expressions ci-dessus?
C. Que peuvent faire les Canadiens lorsqu’ils sont confrontés à des problèmes qui offrent des choix moins que parfaits, comme l’indiquent les citations ci-dessus?
Aperçus littéraires qui racontent l’histoire
À l’instar des autres peuples, les Khmers (peuple cambodgien) ont créé des contes populaires au cours des siècles. Les aînés transmettaient des histoires à leurs enfants, parfois pour enseigner et d’autres fois pour divertir. Cependant, sur cette terre habitée par de puissants animaux comme les éléphants, les tigres et les cobras, certains contes ont un héros surprenant: un petit lapin! M. Hare utilise son cerveau pour compenser sa taille! À maintes reprises, il se démarque des énormes éléphants, des crocodiles affamés, des tigres féroces … et même des hommes!
ACTION 7
Faire
Lisez le conte folklorique khmer : “Comment le lièvre a traversé la rivière sur le dos du crocodile” :http://marmalouka.free.fr/mini/droles_de_martiens/site_cahier_texte0910/fable_orientale1.html).
Compte tenu de l’histoire du Cambodge, cette histoire pourrait-elle être une allégorie? Si oui, qui est le lapin et qui est le crocodile? À quoi servent les allégories?
À bien des égards, ‘’Comment le lièvre a traversé la rivière sur le dos du crocodile’’ ressemble à une fable. Quelles sont les caractéristiques d’une fable? Pourquoi ce conte cambodgien pourrait-il être décrit comme une fable?
Faites des recherches sur l’ère khmère décrite dans cette unité. Sélectionnez un événement que vous trouvez intéressant et créez une fable pour le présenter. Votre fable devrait compter entre 400 et 500 mots. Sélectionnez l’une des méthodes de présentation suivantes: un PowerPoint (inclure des illustrations avec vos diapositives); une représentation théâtrale (invitez certains de vos camarades à participer); racontez des histoires.
ACTION 8
Chercher
Recherchez sur Internet d’autres contes folkloriques khmers. Voir : http://www.khmer-network.com/content/view/32/28/.
A. Quel message ou leçon est véhiculé dans chacun de ces contes?ed in each?
B. Pouvez-vous penser à un conte folklorique ou une fable occidentale qui rappelle une histoire similaire?
C. Qu’est-ce que cela suggère à propos de la condition humaine?
Aller plus loin
Musée du génocide de Tuol Sleng (Phnom Penh)
http://tuolsleng.gov.kh/fr/
Tous les efforts ont été faits auprès des détenteurs de droits d’auteurs afin d’obtenir les droits de reproduction. L’éditeur s’excuse par avance de tout oubli ou omission et se fera un plaisir d’apporter les corrections qui s’imposent lors des réimpressions subséquentes et lors des mises à jour du site web.