Unité 2 : Génocide
Chapitre 4 : Le génocide rwandais
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Ceci s’est réellement produitAu Rwanda, le conflit ethnique entre les Hutus et les Tutsis s’est déclenché en avril 1994, même si la tension montait depuis des années. La distinction entre les deux groupes, les Tutsis propriétaires de bétail et les Hutus pastoraux était initialement inexistantes. Les familles, amis et voisins se côtoyaient dans l’harmonie. Cependant, lorsque les colons belges ont introduit leur nouveau système de cartes d’identité, les différences entre la minorité tutsie et la majorité hutue sont devenues plus évidentes. Quand les Tutsis ont été placés au pouvoir par les autorités belges, la majorité hutue a commencé à critiquer leur influence et les disparités économiques entre les deux groupes. Dans les années menant au génocide de 1994, les deux groupes ethniques se sont disputés le pouvoir et les idéologies extrémistes sont devenus très populaires. Le 5 avril 1994, le président rwandais Juvénal Habyiarimana, le président burundais Cyprien Ntaryamira et d’autres dignitaires étaient dans un vol les amenant de Dar es Salaam, en Tanzanie, à Kigali, au Rwanda. Alors qu’ils s’approchaient de l’aéroport de Kigali, l’avion a été abattu et s’est écrasé, tuant tous ses passagers. La majorité hutue a immédiatement accusé la minorité tutsie d’avoir orchestré l’attaque et a commencé le massacre systématique des Tutsis rwandais qui a duré 100 jours. Les sources officielles rapportent environ 800 000 morts alors que les voisins s’entretuaient dans des actes de violence sans précédent provoqués par la milice hutue, appelée Interahamwe. Survivant du génocide rwandaisSurvivante du génocide rwandais, Kigali, RwandaCrédit photo : Yuri Dojc 2014 Chacun de ces crânes représente un être humain : une mère, un père, un fils, une fille, un(e) ami(e)…Crédit photo : Yuri Dojc 2014 ACTION 1FaireLa signification des mots et la puissance de la rhétoriqueAvant et pendant le génocide, la radio était le principal moyen de communication. Partout dans le pays, les Rwandais l’écoutaient quotidiennement. Ce média a permis la propagation de la haine ethnique. Le 22 novembre 1992, lors d’une conférence d’un parti politique, Léon Mugesera a tenu un discours incendiaire mettant l’emphase sur les dangers potentiels du soulèvement de la minorité tutsie. Il a traité les Tutsis de « inyenzi », qui signifie coquerelle (cafard), un nom qui est devenu une partie intégrante de la machine de propagande anti-Tutsie et des diffusions radio. Aujourd’hui encore, le mot « inyenzi » véhicule une forte charge émotive et est évité par la plupart des Rwandais.
Le 15 avril, 2016, Léon Mugesera a été condamné par la Haute Cour du Rwanda, à la prison a vie, pour incitation au génocide. Au cours de son procès au Rwanda, Léon Mugesera a nié toutes les accusations formulées contre lui. Il a dit qu’il a immigré du Rwanda au Canada avant le génocide en 1994. “La Cour estime que M. Mugesera est coupable, il est un complice de ceux qui ont commis le génocide, car il a directement incité à commettre le génocide et la torture constitutive de crime contre l’humanité, et incité à la haine ethnique” — Le juge Antoine Muhima ACTION 2FaireLe rôle des observateurs internationaux : comment pouvons-nous travailler ensemble en tant que communauté internationale?Selon la journaliste de terrain Linda Melvern, « Les violentes divisions du Rwanda auraient été plus faciles à guérir et son histoire tragique aurait pu se dérouler autrement si ce n’était de l’influence de forces étrangères. » Le commandant des forces onusiennes au Rwanda, le lieutenant-général Roméo Dallaire, a demandé à maintes reprises des renforts au quartier général de New York. Ses demandes ont été refusées à répétition. En fait, l’ampleur de sa mission a été réduite pendant le génocide, et ce, malgré les protocoles établis dans la Convention de Genève de 1948. A. Avec un partenaire, créez une liste d’autres situations dans lesquelles la communauté internationale n’est pas intervenue adéquatement. Est-ce que cette liste contient des conflits actuels? Quand la communauté internationale est-elle intervenue de manière positive? B. Les médias sociaux regroupent les communautés mondiales et facilitent le partage de renseignements de manière continuelle. Dans notre monde actuel où les renseignements sont facilement accessibles, quels médias sociaux (Facebook, Instagram, Twitter, etc.) pouvons-nous utiliser pour éviter les abus des droits de la personne? Croyez-vous que les événements au Rwanda auraient été différents s’ils avaient été partagés dans les médias sociaux? Comparez ceci aux Printemps arabe où les médias sociaux ont été largement utilisés pour mettre en lumière l’injustice et offrir des mises à jour en temps réel. Gerbe de fleurs pour commémorer le génocide rwandaisCrédit photo : endgenocide.org ACTION 3FaireRoméo Dallaire et les soldats de la paixRomeo DallaireCrédit photo : Worldwide Streamer Speakers Le lieutenant-général Roméo Dallaire est un des chefs militaires et défenseurs des droits de la personne les plus respectés au Canada. Avant sa retraite, il a occupé plusieurs fonctions militaires importantes, dont celle de commandant de la Mission des Nations Unies pour l’assistance au Rwanda (MINUAR). Sa mission l’a placé au centre d’un génocide et d’une guerre civile brutale qui l’ont profondément touché. Lors de son retour au Canada, il a souffert de troubles mentaux et a ensuite reçu un diagnostic d’état de stress post-traumatique. Dans l’introduction de ses mémoires primées, J’ai serré la main du diable : la faillite de l’humanité au Rwanda, il écrit :
J’ai serré la main du diableSource : Youtube.com Le lieutenant-général Dallaire n’est pas seul à avoir des séquelles des atrocités de la guerre. Les soldats revenant des zones de combat doivent souvent vivre avec de profondes cicatrices psychologiques. L’expérience des soldats canadiens qui ont servi outre-mer pendant le 20e et le 21e siècle est difficile à comprendre pour les gens qui sont restés au pays. Il est important de reconnaître que les horreurs de la guerre ont un impact sur toutes les personnes impliquées, dont les soldats de la paix et les observateurs internationaux. A. Son impuissance face à la situation est une des raisons pour lesquelles le lieutenant-général Dallaire a été si bouleversé par les événements au Rwanda. Discutez des points suivants :
B. Il est important de reconnaître les problèmes auxquels font face beaucoup de soldats lorsqu’ils reviennent au pays.
C. Du régiment aux bâtiments est un programme existant qui vise à aider les vétérans en leur permettant de développer de nouvelles aptitudes et de suivre des formations.
ACTION 4FaireComment nous souvenons-nous?Même si le Rwanda a beaucoup changé dans les années suivant le génocide, certaines parties du pays sont encore sous-développées et très pauvres. Le Kigali Memorial Centre (KMC) contient des dépouilles de plus de 250 000 victimes du génocide, ainsi qu’un compte-rendu détaillé des événements de 1994, des artéfacts personnels, des témoignages vidéo et un mémorial des enfants. Malheureusement, les Rwandais n’ont pas tous accès au musée et à ses ressources. Le KMC et son partenaire, Aegis Trust, sont en train de créer une exposition mobile qui voyagera dans le pays pour instruire les jeunes. A. Choix d’artéfacts B. Créer votre exposition sur le génocide rwandais
La plupart des villages au Rwanda ont des pierres commémoratives et des fosses communes dédiées aux victimes du génocide. Dans les années suivant le génocide, des dépouilles ont été enterrées dans ces fosses communes à mesure qu’elles étaient découvertes. Certaines communautés ont choisi de conserver les sites des massacres intacts pour se souvenir des atrocités qui y ont eu lieu plutôt que d’enterrer les corps selon la tradition. Chaque mois d’avril, les Rwandais se regroupent pour se souvenir des victimes du génocide. La période de commémoration commence par une semaine de services commémoratifs suivie d’une période du souvenir de 100 jours qui comprend une nouvelle programmation musicale et le port d’habits de couleur gris cendre. Rwanda – Carly BardikoffPenserC. Pourquoi se rappeler?
FaireD. Choix d’images on images École à RwandaCrédit photo : Carly Bardikoff École à RwandaCredit: Carly Bardikoff ACTION 5PenserRetour à la vie de village : Comment pouvons-nous guérir ensemble?Ce qui a rendu le génocide du Rwanda unique est que les voisins, amis et familles s’entretuaient pendant que le pays était en guerre civile. Les Hutus et Tutsis étaient si inter-reliés et le niveau d’implication dans le génocide était tellement omniprésent que la suite des événements a présenté de nouveaux défis. Durant les 100 premiers jours, le nombre de morts s’est élevé à environ 800 000, ce qui signifie qu’en moyenne 10 000 personnes étaient tuées chaque jour. On peut affirmer aussi qu’il était extrêmement difficile d’identifier l’auteur de chaque crime et que la poursuite en justice de toutes les personnes responsables serait un long et pénible processus. Alors que les personnages politiques importants et les chefs de l’Interahamwe étaient envoyés au tribunal des Nations unies à Arusha, en Tanzanie, le système judiciaire traditionnel de Gacaca a été réinstauré pour promouvoir la paix et la réconciliation dans les communautés villageoises. A. Dans beaucoup de cas, les tribunaux Gacaca ont mis les familles en contact direct avec les personnes accusés d’avoir tué leurs êtres chers pour qu’elles puissent écouter leurs récits.
B. Le génocide a eu lieu en même temps qu’une guerre civile qui a ravagé le pays et créé une crise des réfugiés en Afrique orientale. Après 1994, beaucoup de Rwandais sont restés longtemps loin de leur maison ou dans des camps de réfugiés.
Campagne du district de Nyamasheke.Crédit photo : Carly Bardikoff Après le génocide — Une entrevueMon nom est Carly et je suis récemment revenue au pays après avoir habité au Rwanda pendant un an et demi. J’ai passé un an dans un village rural du sud-ouest à former des enseignants et six mois à faire l’édition de magazines dans la capitale, Kigali. J’ai été ébahie par la beauté du pays et très impressionnée par son changement et son développement depuis les événements de 1994. Ma famille et mes amis étaient très intéressés par mes expériences, d’autant plus qu’ils associaient le pays aux tueries et à l’instabilité politique. J’ai pensé que je pourrais en profiter pour partager mes réflexions ici et répondre aux questions posées sur la vie au Rwanda. Comment vous êtes-vous préparée pour déménager au Rwanda? Est-ce que les choses se sont passées comme vous l’aviez prévu ou différemment? Même si j’ai passé du temps en Ouganda, je ne pensais pas que le Rwanda serait si beau. Les luxuriantes collines vertes sont à couper le souffle. J’ai immédiatement compris pourquoi le Rwanda est appelé « le pays des mille collines ». J’ai aussi été surprise par la propreté du pays, surtout à Kigali, où les gens nettoient les rues chaque jour! C’était très différent des autres villes africaines que j’ai visitées. Je savais à quel point le Rwanda s’était développé depuis 1994, mais le voir en personne était complètement différent. J’arrivais parfois à oublier ce qui s’était passé, mais les monuments commémoratifs mauves visibles de la route dans chaque village ne tardaient pas de me le rappeler. Est-ce qu’il y a des problèmes liés au génocide dans la vie quotidienne? As-tu entendu des récits personnels? Aviez-vous peur ou sentiez-vous que vous n’étiez pas en sécurité? Avez-vous visité le Kigali Genocide Memorial Centre? Comment vous êtes-vous sentie? Autorisations accordées par l’auteur, Carly Bardikoff Tous les efforts ont été faits auprès des détenteurs de droits d’auteurs afin d’obtenir les droits de reproduction. L’éditeur s’excuse par avance de tout oubli ou omission et se fera un plaisir d’apporter les corrections qui s’imposent lors des réimpressions subséquentes et lors des mises à jour du site web. Outils éducatifsAutres chapitres sur le génocide : |