Unité 1 : Droits de la personne
Chapitre 1 : L’Holocauste
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Ce chapitre aborde l’Holocauste par l’entremise de l’histoire d’un survivant racontée par un proche parent. Toute l’horreur de ce crime historique nous est révélée tandis que nous découvrons les événements qui ont eu lieu dans la vie d’Evie Abeles. Ce texte est suivi d’une chronologie des événements ayant mené à l’Holocauste, et d’un sommaire des communautés juives les principales victimes de l’Holocauste. Max Eisen – survivant de l’HolocausteFaits basiquesLa Seconde Guerre mondiale (1939-1945) n’a pas seulement été caractérisée par la conquête territoriale, mais aussi par de forts éléments idéologiques et racistes mobilisant cette conquête. L’idéologie raciale était fondée sur des théories raciales pseudo-scientifiques et sur l’antisémitisme animés par Adolf Hitler et le Parti national-socialiste allemand. Hitler était essentiellement un impérialiste racial et il a envahi tous ses voisins pour obtenir un avantage économique et un espace de vie (Lebensraum) à l’Est pour le peuple allemand en expansion, considéré comme supérieur à tous les autres. À partir de 1933, lorsque Adolf Hitler est devenu chancelier, il a élaboré une politique d’État antisémitisme et s’est efforcé d’exclure la minorité juive de la vie sociale et économique allemande. Ces mêmes politiques furent étendues à toutes les terres qu’il occupa et plus tard pendant la guerre (1941), il prit la décision d’assassiner tous les Juifs dans toute l’Europe. Pendant la Seconde Guerre mondiale, d’innombrables actes de violence physique ont été perpétrés contre les Juifs et d’autres groupes jugés « indésirables » par les nazis. Partout en Europe, des Juifs ont été abattus, affamés, empoisonnés dans des chambres à gaz et brûlés dans des fours. Avant la guerre, il y avait environ 11 millions de Juifs européens et, à la fin de la guerre, environ 6 millions avaient été tués. En apprenant l’histoire de l’Holocauste, nous pourrions nous demander comment le monde a permis qu’un événement aussi horrible se produise. La vérité est que l’ampleur du génocide n’a été largement connue que des années après la guerre, lorsque les historiens ont commencé à étudier le régime hitlérien. Dans ce chapitre, nous examinerons les perspectives historiques des différents acteurs associés à l’Holocauste et les rôles qu’ils ont joué ainsi que leurs attitudes envers l’événement. Ceci s’est réellement produitL’histoire d’Evie Abelespar Joan O’Callaghan L’armoire à porcelaine dans ma salle à manger renferme une collection de petites assiettes délicates. Faites de porcelaine et peintes à la main avec des scènes colorées qui rappellent les contes de fées et l’innocence de l’enfance, elles sont destinées aux petites filles qui jouent au salon de thé avec des poupées et des amies. Les assiettes viennent de la Bohème, où elles ont été fabriquées, probablement dans les années 1920 ou 1930. Une photo de la propriétaire des assiettes se trouve juste à côté. C’est une vieille photo, prise en 1939. C’est une belle petite fille, âgée de douze ans. Ses cheveux, qui ont la couleur et la texture de la soie de maïs, sont coupés au carré et tirés vers l’arrière au niveau du front. Elle plisse un peu les yeux à cause du soleil. Cependant, il y a quelque chose d’inhabituel avec cette photo, un petit détail qui pique la curiosité. C’est la robe qu’elle porte. Une robe ordinaire en tout point, sauf pour la grosse étoile de David cousue sur le devant. Elle s’appelait Evie et elle était Juive. Dans la Tchécoslovaquie de 1939, il n’y avait pas de place pour les petites filles avec des cheveux de soie de maïs et des assiettes à poupée peintes à la main si elles étaient Juives. Evie est morte. Marquée de l’insigne sur sa petite robe, elle a été arrêtée, avec ses parents, et conduite à Auschwitz, où elle est décédée. Evie était ma petite-cousine, mais je ne l’ai jamais connue. Elle est morte avant ma naissance. Je ne sais pas exactement quand elle est morte ni comment. Mais je sais où elle est morte. Et pourquoi. Les rumeurs voulant que des criminels de guerre nazis et des collaborateurs se cachent au Canada et y vivent sans être inquiétés abondent depuis plusieurs années. Finalement, le gouvernement canadien a décidé d’examiner toutes les allégations portant sur des auteurs présumés de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité se trouvant au Canada, de révoquer leur citoyenneté canadienne et de les expulser vers leur pays d’origine où ils devront faire face à leur passé. Des coupables de crimes passés. Des membres de la famille et des voisins outrés. Laissez-les en paix. « Pourquoi ce qui a eu lieu il y a soixante-dix ans aurait-il de l’importance? », voilà la question indignée posée par les lettres envoyées aux éditeurs de journaux dans l’ensemble du pays. « Il n’ira nulle part », a déclaré M Eric Hafemann, l’avocat d’Helmut Oberlander, aux médias. Ces protestations du style deux poids deux mesures, comportent une certaine dose d’ironie. Ici, à Toronto, les citoyens s’insurgent après deux semaines de violence. Les Torontois ont été choqués par le meurtre de sang froid de Jordan Manners, âgé de 15 ans, dans un corridor de la polyvalente C. W. Jeffreys et exigent une sécurité accrue et d’autres mesures dans nos écoles pour empêcher la répétition de ce type de tragédie. Lorsqu’ils ont allumé la télévision pour regarder les nouvelles du soir, ils ont vu des images de Daniel Sylvester, reconnu coupable du meurtre de sa voisine Alicia Ross, parce qu’elle le traitait de perdant. Alicia Ross et Jordan Manners, tous les deux jeunes, avec des rêves et des aspirations pour une vie qu’ils ne vivront jamais. Des tragédies qui choquent tout individu ayant le respect du caractère sacré de la vie. Les citoyens de Toronto ont raison d’être interpellés par les fusillades de Manners et de Sylvester et d’insister vigoureusement pour que justice soit faite. Toutefois, les procès et les condamnations ne ramèneront pas Jordan et Alicia à la vie. La vengeance peut donc difficilement être un facteur pour citer leur tueur à procès. Alors, pourquoi s’en occuper? Devrions-nous nous donner la peine de poursuivre le meurtrier de Jordan Manners, tout en continuant à fermer les yeux sur les crimes de ces coupables des crimes passés qui ont réussi, depuis soixante-dix ans, à cacher leur passé et échapper à la justice au Canada? La réponse est un « oui » retentissant. Nous avons l’obligation de poursuivre les coupables de crimes passés avec la même vigueur que nous poursuivons les meurtriers de Jordan Manners et d’Alicia Ross. Non parce que le fait de les traduire en justice ramènera miraculeusement Evie et les six millions d’autres victimes à la vie, ni même en raison d’un sentiment naturel de vengeance. Pas du tout. Nous le faisons au nom de la société que nous souhaitons créer en tant que Canadiens, pour nous-mêmes et surtout, pour nos enfants. Les Canadiens veulent une société sécuritaire, décente et équitable. Mais pour qui? Pour certaines personnes et pas pour d’autres? Est-ce que nous voulons une société comme celle de la Ferme des animaux d’Orwell, où certaines personnes sont tenues responsables et pas les autres? Est-il juste et approprié de faire un procès à Daniel Sylvester, mais de ne pas déporter les criminels de guerre nazis dont les dossiers apportent la preuve de tromperies et de complicité dans le cadre de ces actes haineux? De la même manière, est-il convenable de faire un procès à un suspect pour des crimes qui ont été commis il y a trois ans, mais de ne pas le faire si le suspect a réussi à échapper à la justice depuis soixante-dix ans, et de le récompenser en le laissant tranquille? Est-ce qu’un meurtre commis à Toronto est davantage un meurtre qu’un meurtre commis dans un enfer appelé Auschwitz qui se trouve à des milliers de kilomètres? Est-il acceptable de siéger à la Chambre des communes et d’adopter des lois pour la bonne gestion de ce pays, mais de les appliquer à certaines personnes et pas à d’autres? Autrement dit, est-ce que la justice est une sorte d’échelle mobile ou est-elle constante? Qu’est elle supposée être? Notre complaisance, notre refus de la chicane, notre gentillesse cousue de dentelles et notre antisémitisme feutré nous retombent maintenant sur le nez de plus d’une façon. La prolifération des incidents racistes et la glorification de la violence ont forcé les écoles à placer ces questions en priorité de leur programme. Il s’agit d’un triste constat sur notre société. En effet, si la tolérance raciale et les comportements appropriés étaient enseignés à la maison, il ne serait pas nécessaire de les aborder dans les écoles. Mais les enfants apprennent par les exemples donnés par leurs parents. Les groupes d’extrême droite, les suprémacistes blancs et les négationnistes ont bien lu la psyché canadienne. C’est pour cette raison qu’ils sont en plein essor ici. Ils savent très bien qu’il y a un nombre important de Canadiens qui ne souhaitent pas que ces questions soient abordées, car elles pourraient donner lieu à des révélations déplaisantes pour eux-mêmes, ou pour leurs amis et les membres de leur famille. Et cette situation représente un danger important pour nous tous. Et c’est pour éviter ce danger que nous devons poursuivre ces coupables des crimes passés. Nous devons retrouver les coupables et les juger pour protéger nos enfants. Il est tellement hypocrite d’enseigner la tolérance dans nos écoles, mais de détourner le regard et de laisser les coupables de crimes passés échapper à la justice, pour la seule et unique raison qu’ils ont réussi à tromper leurs voisins pendant soixante-dix glorieuses années! Nous devons montrer à nos enfants que le meurtre n’est pas une échelle mobile, qu’une société vraiment équitable continue de poursuivre et de juger au grand jour les personnes qui ont du sang sur les mains, même si elles sont bien cachées, peu importe le lieu et le moment où ces crimes ont été commis. Il ne doit exister aucune récompense pour la tromperie ou la longévité. Je n’ai pas de pitié pour les coupables de crimes passés. Ces vieillards ont déjà été de jeunes hommes forts, cruels et sans principes. Ils ont profité de leur jeunesse et de leur force pour écraser les plus faibles d’entre eux, les minorités, ceux qui ne faisaient pas partie de leur groupe. Ils ont vécu une vie longue et heureuse, ici, au Canada. Mais ils doivent assumer leur passé devant un juge et purger leur peine. Si Evie avait vécu, elle aurait autour de soixante-dix ans. Peut-être qu’elle regarderait à son tour ses petits-enfants jouer au salon de thé avec de petites assiettes peintes à la main. Mais Evie repose quelque part en Pologne, dans une tombe anonyme, avec des milliers de ses semblables. Ses petites assiettes et une photo défraîchie constituent son seul héritage. ACTION 1DoQuand un enfant est assassiné
DiscussPoursuites contre les criminels de guerre nazis
DoPouvons nous créer une société juste et morale?
Histoire de l’holocauste – chronologie des événements
ACTION 2DoModèle de graphiqueExaminez la chronologie des événements. Placez un point sur le graphique ci-dessus pour représenter le niveau d’intolérance remarqué. Reliez les points pour former un graphique linéaire. ACTION 3DoGraphique vivant de votre point de vuePour chaque année affichée dans la chronologie des événements, regardez un événement survenu dans le monde entier lié au thème de l’intolérance envers les groupes minoritaires (Autochtones, Noirs, Juifs). Le reste du monde peut-il être fier ou avoir honte de son bilan durant cette période? ACTION 4DiscussRéfléchir aux conséquencesLa chronologie des événements ci-dessus se termine par la création de l’État d’Israël en 1948. Est-ce que cette création est un résultat direct de l’Holocauste. Est-ce qu’il y avait également d’autres raisons? ACTION 5ThinkExtensions de votre graphique vivantVous pouvez créer d’autres chronologies des événements (par décennie, pays ou région, ou groupe minoritaire, afin de souligner l’augmentation ou la diminution de l’intolérance). ACTION 6DoPoursuites contre les criminels de guerre nazisRegardez une entrevue de la CBC avec Simon Wiesenthal datant de 1985, dans laquelle il parle du criminel de guerre nazi Josef Mengele. ACTION 7ThinkRéfléchir au moment et au lieuVoici une liste des pays où les Juifs vivaient et où ils ont donc été ciblés lors de la Conférence de Wannsee le 20 janvier 1942. La conférence était destinée à l’organisation et à la mise en œuvre de la « solution finale ». Ce document est tiré du livre Nazisme, publié par Noakes et Pridham. Le livre indique que cette liste était incluse dans le procès-verbal officiel de la réunion, à la page 537. JUIFS
Sélection de livresArendt, Annah. Eichman à Jérusalem. Rapport sur la banalité du mal, Paris, Gallimard, 1966, Folio, 1991. Bensoussan, Georges. Histoire de la Shoa, Paris : Presses Universitaires de France, 1996. Edelman, Marek. Mémoires du ghetto de Varsovie, Témoignage-Piccolo, Paris, Liana Levi, 2002. Grinspan, Ida & Poirot-Delpech,Bertrand. J’ai pas pleuré, Robert Laffont, 2002. Guedj, Joël. Introduction à l’histoire de la shoah, Imago, 2010. Halter, Marek. La Mémoire inquiète : il y a 50 ans, le ghetto de Varsovie, Paris, Laffont, 1993. Hilberg, Raoul. La destruction des Juifs d’Europe, Paris : Fayard, 1988. Hoess, Rudolf. Le commandant d’Auschwitz parle, La Découverte, 1995. Joffo, Joseph, Un sac de billes, Éditions Jean-Claude Lattès, 1973 Korczak Janusz, Journal du ghetto, Éditions Robert Laffont, 2012 Levi, Primo. Si c’est un homme, Paris : Robert Laffont, 2002 (rééd.). Littell, Jonathan. Les Bienveillantes, Gallimard, 2006. Mendelsohn, Daniel. Les disparus, Flammarion, 2007. Père Patrick Desbois. Porteur de mémoires : Sur les traces de la Shoah par balles, Editeur : Michel Lafon (20 septembre 2007). Poliakov, Léon. Bréviaire de la haine, Bruxelles, Complexe, 1986. Prazan Michaël, Einsatzgruppen : sur les traces des commandos de la mort nazis, Essai, Seuil, 2010. Rees, Laurence. Auschwitz, les nazis et la « solution finale », Editions Albin Michel, 2005. Ringelblum, Emmanuel. Chronique du ghetto de Varsovie. Janvier 1940-décembre 1942, Paris, Robert Laffont, 1978. Schwartz-Bart, André. Le dernier des justes, Le Seuil, 1959. Semprun, Jorge. L’écriture ou la vie, Gallimard 1994. Vincenot, Alain. Je veux revoir maman, Editions des Syrtes, 2005. Wiesel, Elie. La Nuit, éd de Minuit, 1958. Wiesel, Elie. Le Chant des morts, Seuil, 1966 Wieviorka, Annette. Auschwitz, 60 ans après, Editions Robert Laffont, 2005. Wistrich, Robert S, Hitler, l’Europe et la Shoah, Editions Albin Michel, 2005. Littérature jeunesseEytan, Freddy. La Shoah expliquée aux jeunes, Editions Alphée, avril 2010. Franck, Anne. Le journal d’Anne Franck. Calmann-Lévy, 1963. Gray, Martin. Au nom de tous les miens. Robert Laffont, 1971. Kichka, Michel. Deuxième génération, Dargaud 2012. Lawton, Clive A. Auschwitz : L’histoire d’un camp d’extermination nazi, Gallimard jeunesse, 2002. Lawton, Clive A. Histoire de la Shoah – De la discrimination à l’extermination, Gallimard jeunesse 2005. Spiegelman, Art. Maus, un survivant raconte, Flammarion, Paris : Édition intégrale en un volume, 1996. Wievorka, Annette. Auschwitz expliquée à ma fille. Paris : Seuil, 1999. Sélection de films et documentairesBenigni Roberto, La vie est belle, (1998) Bosch Rose, La Rafle (2010) Enrico Robert, Au nom de tous les miens (1983) Herman Mark, Le garçon au pyjama rayé (2009) Johnson Lamont, Wallenberg, l’histoire d’un héros Édition spéciale DVD 2012 Lanzmann Claude, Shoah, 1976-1985. (version DVD pour la classe) Leblanc Carl, Le cœur d’Auschwitz, 2011 Malle Louis, Au revoir les enfants. (1987) Pakula Alan J., Le Choix de Sophie (1982) Paquet-Brenner Gilles, Elle s’appelait Sarah (2010) Polanski Roman, Le pianiste, (2002) Resnais Alain, Nuit et brouillard, (1955) Spielberg Steven, La liste de Schindler, (1993) Zusak Markus, La voleuse de livres, (2013) Zwick Edward, Les insurgés, (2008) Every effort has been made to gain permission from copyright holders to reproduce borrowed material. The publishers apologize for any errors and will be pleased to rectify them in subsequent reprints and website programming Outils éducatifsAutres chapitres sur les droits de la personne : |
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